Comment choisir sa munition ?
Nous chassons un animal mais devons tirer un coeur ! Mettons toutes les chances de notre côté pour assurer une mort rapide à l’animal chassé.
L’essentiel
– Poids de balle : quelque soit le calibre, privilégiez la balle la plus lourde
– Calibre : fonction du mode de chasse et du gibier recherché. Calibres standards pour des tirs réguliers jusqu’à 150-180 m, Magnums pour des tirs plus longs … encore faut il s’entrainer pour tirer correctement à ces distances !
– Des calibres lents (lourds) nécessitent des corrections plus importantes sur des animaux en mouvement.
– Type d’ogive : l’objectif étant de perforer cœur, poumon voire épaule et de sortir du corps de l’animal chassé en toute sécurité, privilégiez les balles qui ne se fragment pas et conservent donc une masse importante à la sortie. Ainsi les balles dures avec déformation contrôlée sont à privilégier. Ogives à tête arrondie pour les tirs proches et à tête pointue pour les tirs lointains pour faciliter la pénétration dans l’air.
Pour aller plus loin
Choix entre poids et vitesse ?
Avant toute chose, quel est notre objectif ? Transpercer cœur et poumons, idéalement de part en part afin de créer une double perforation et assurer un écoulement de sang suffisant pour assurer une mort rapide, à défaut une possibilité de recherche au sang facilitée.
La taille de l’animal et le mode de chasse conditionneront donc le choix d’une munition et d’un calibre.
La vitesse
Dès la sortie du canon, une balle perd de la vitesse jusqu’au moment où elle tombe.
L’expansion de la balle sera différente en fonction de sa composition et de sa vitesse. Les deux effets diminuant au fil de la course de l’ogive.
Une 300 Mag de 9,7 grammes aura un véritable effet explosif donc très peu de pénétration à 50 mètres et sera efficace à 250 sur gibier léger.
Une balle avec une vitesse excessive à l’impact expansera mal et sa trajectoire risque d’être déviée.
Il est reconnu qu’une une vitesse à l’impact de l’ordre de 700 m/s est idéale.
Comme nous le voyons, les calibres « magnums » et « super magnums » ne sont pas forcement la panacée à tout !
Quelle énergie doit être recherchée ?
Jean-Pierre Menu dans son excellent ouvrage « Maîtriser le tir à balles » aborde cette question sous le concept d’indice momentum
Je reprends ses propos sur le sujet.
« L’énergie libérale d’un projectile est une bonne manière de comparer la « puissance » d’une munition avec une autre. S’il faut examiner cette donnée non seulement à la sortie du canon (muzzle), il faut aussi et surtout le faire à 100, 200, 300 mètres.
Une balle pointue conservera plus d’énergie qu’une balle à tête ronde à distance équivalente. Cette donnée est le « coefficient balistique » d’une balle que certains fabricants impriment sur les boîtes. Elle est le ratio entre la densité sectionnelle de la balle et sa forme. Il indique la manière dont un projectile se comportera en vol. Personnellement, je n’y attache pas trop d’importance, cette donnée étant intéressante pour les tirs à très longue distance ou pour les snipers. Sachons simplement qu’une balle pointue aura une meilleure trajectoire qu’une de même poids à tête ronde et donc plus de puissance à longue distance.
L’énergie cinétique d’une balle est un facteur très important car elle sera transmise au corps du gibier et dans certains cas l’abattra seule. Mais cette donnée est trompeuse et doit être couplée avec d’autres. Elle n’est qu’une composante du problème de la détermination de l’efficacité d’une balle.
Exemple : une 300 Mag de 9,72 grammes a une énergie à la bouche de 4879 joules (vitesse 1003 m/s). Celle de 14,3 grammes en a une de 4473 (vitesse 817 m/s), presque identique. Chacun sait cependant que la 14,3 grammes est bien plus « puissante » c’est-à-dire qu’elle mettra à terre un grand animal bien plus facilement que la 9,72. C’est en fait l’inertie de la balle, son indice momentum qui lui donnera sa puissance de choc. C’est cette donnée, avec sa densité sectionnelle, qui lui donnera sa force de pénétration.
Je ne connais personne en Europe qui ait avancé cette théorie, en la fondant sur le calcul : je vais m’y risquer en demandant par avance l’indulgence des ingénieurs et autres experts : l’indice momentum pourrait se formuler en multipliant le poids en grammes par la vitesse en mètres seconde, le tout divisé par 100
Par exemple :
Calibre |
Poids balle |
Energie |
Vitesse |
IM |
270 |
8,42 |
3666 |
933 |
78 |
270 |
9,7 |
3790 |
884 |
85 |
30,06 |
11,6 |
3951 |
823 |
95 |
30,06 |
14,26 |
3853 |
735 |
104 |
Encore une fois : énergie égale, vitesse inférieure mais puissance brute supérieure. Si vous vous basez sur les tables anglo-saxonnes pour calculer cet indice, multipliez le poids de la balle en grains par sa vitesse en pieds par seconde, puis divisez par 7000. Exemple : la 375 de 300 grains à 2500 fps = 300 x 2500 : 7000 = 107. »
Diamètre et poids de balle
Pour faire simple, plus le canal crée par la balle, donc son diamètre, est important, démultiplié par l’expansion de celle-ci, plus l’effet de choc sera important.
Son poids aura le même effet, meilleure pénétration, meilleur effet de choc.
C’est ainsi que pour un calibre déterminé il faudra toujours choisir la balle la plus lourde.
La densité sectionnelle et le coefficient balistique
A poids égal, un calibre plus fin permettra une meilleur pénétration. La densité sectionnelle (poids du projectile, divisé par le carré de sa section) joue donc un autre rôle dans les choix à opérer.
Bien sûr, plus forte sera l’expansion, moins il y aura de pénétration.
Le coefficient balistique est le comportement en vol de la balle qui a un effet direct sur la puissance à l’impact à longue portée. Le coefficient balistique d’une balle donnée indique comment elle conserve sa vitesse donc son énergie à longue distance. Meilleur est le coefficient, meilleure est la puissance à longue portée.
Ce coefficient est en rapport étroit avec la densité sectionnelle de la balle et la forme de la balle. Parfois, à la lecture des tables de tir, nous verrons que deux balles de même poids et de même calibre, avec une même vitesse initiale, donnent des résultats en puissance, à longue distance, très différents. C’est que leur forme c’est-à-dire leur coefficient balistique est d’une autre nature. Le coefficient balistique est indiqué sur les boites de balles.
Exemples de l’importance du coefficient balistique sur la puissance à longue distance
Exemple 1 : 8×68
Energie |
0 |
100 |
200 |
300 |
350 |
400 |
500 |
RWS type KS
C.B. = l307 Poids 180 grains (11,67 grammes) |
5736 |
4635 |
3716 |
2948 |
2613 |
2309 |
1786 |
Nosler
C.B. = l473 Poids 180 grains (11,67 grammes) |
5736 |
4999 |
4344 |
3761 |
3494 |
3242 |
2760 |
Exemple 2 : 30.06
Energie |
0 |
100 |
200 |
300 |
Norma
Alaska 180 grains (11,67 gr.) C.B. 257 |
3948 |
2914 |
2104 |
1489 |
Norma
Nosler 180 grains (11,67 gr.) C.B. 438 |
3948 |
3317 |
2768 |
2292 |